Durant l’été 2019, l’ayant délaissé pour le Chochotte, je revenais après plusieurs années d’absence à mon premier amour de théâtre érotique : le Show Girl.
Mis à part Cindy, je n’y connaissais plus personne et redécouvrais dans le lieu mythique du 5 rue des Halles quelques merveilles, dont une belle jeune femme aux cheveux noirs mi-longs et au regard particulièrement éveillé. Elle portait un petit bijou au-dessus des sourcils, au niveau du troisième œil, comme une Indienne, ce qui pouvait corroborer son apparence, sa peau légèrement mate, mais mon intuition me portait ailleurs : je l’aurais bien vu chasser nue dans une dense forêt émeraude sur la musique de Deep Forest…
Dans mon souvenir du début des années 2000, les « plus » du Show Girl tenaient à la proximité charnelle et permissive des danseuses plutôt qu’à la qualité des spectacles présentés, réduits à la portion congrue, celle de jolis corps féminins nus et souriants.
Avec satisfaction, je découvrais revenant dans les lieux, que quelques danseuses dont Jun, proposaient de véritables numéros de théâtre, superbement costumés et mis en scène, et surtout mariaient comme jamais l’Art et le Hard.
En près de vingt ans de fréquentation de lieux érotiques à travers le monde, c’était la première fois de ma vie que j’assistais à des duos lesbiens aussi torrides ! Et notamment lorsque Jun « jouait » avec sa ravissante partenaire de l’époque, la jeune et adorable Blanche.
Mais Blanche n’était pas la seule à passer en duo avec Jun. J’assistais dans un mélange d’excitation et de sidération, à l’incroyable talent de Jun pour exhiber et mettre en valeur, au plus grand plaisir des spectateurs, ses partenaires féminines. Elle était dotée d’une sensibilité hors norme pour savoir jusqu’où emmener sa partenaire, souvent très loin… Je ne compte plus les fois où après un premier duo avec la redoutable diablesse, une danseuse s’est relevée jambes tremblantes après l’orgasme, yeux écarquillés devant ce qui s’était produit, en public en plus, au point que la serpillère doive-t-être convoquée pour éponger les effusions…
Malgré son extraordinaire art de jouir, faire jouir et jouer, je découvrais que Jun naissait en cette année 2019 au monde des théâtres érotiques. La jeune femme venait d’arriver au théâtre Show Girl, par hasard, répondant à une annonce sur Viva-Street, alors qu’elle occupait par ailleurs un emploi très conventionnel et était jeune Maman !
La « débutante » gagnait en quelques mois ses lettres de noblesse érotiques – et devenait « Madame Jun » – excellant dans des solos très fouillés et le registre de Domina qu’elle tenait en duo.

Juste avant la crise du Covid – début 2020 – la patronne du Show Girl, Cindy – pressentant que ce serait bientôt « la fin » pour son théâtre (un nouveau propriétaire la poussait à quitter les lieux) – demanda à un petit groupe de danseuses emmenées par Jun d’organiser une belle soirée afin de terminer en fanfare.
« La soirée de la crypte » fut très professionnellement organisée sous la houlette de Madame Jun : De nouveaux numéros, superbement mis en scène, quatre-vingts personnes ce soir-là, toutes enchantées, parmi lesquelles Arthur Vernon, le futur fondateur du Sweet Paradise.
C’est ainsi que peu après (le Show Girl ayant fermé entretemps), Arthur Vernon fit appel à Madame Jun pour l’accompagner dans l’aventure Sweet Paradise.
Ses anciens habitués – dont je suis – étaient ravis de retrouver la Belle. Car hormis l’aspect artistiquement hot de ses numéros, Madame Jun est extrêmement attachante.
Généreuse, elle met un point d’honneur à « faire plaisir », ne ménage pas ses efforts pour se renouveler. Son travail est impressionnant, au Sweet comme dans le collectif qu’elle a créée : « Les Fleurs du Mal ». Et quand Madame Jun disparait un moment pour aller travailler dans une île lointaine, parce qu’il faut bien « faire bouillir la marmite », on espère qu’elle nous reviendra en forme au plus vite… Elle nous manque !
Et puisqu’elle me le permet, j’aimerais partager plus encore, dire mon admiration, parce que sous le personnage de théâtre se trouve une personne à l’histoire touchante et romanesque, qui me la rend encore plus attachante…
Qu’on en juge :
Il y a une trentaine d’années, une jeune femme brésilienne de seize ans, de Manaus, se retrouve seule et enceinte. Elle désire donner le plus de chances possibles à son futur enfant et se rend en Guyane Française pour donner naissance. Mais la vie extrêmement dure, son dénuement, la conduisent à faire adopter sa petite fille. Un homme en mission là-bas, sa femme en métropole, sont désireux d’avoir un enfant. S’ensuit une enfance voyageuse dans une famille aimante, le goût précoce de l’enfant pour la danse, l’appétit pour monter des spectacles et se mettre en scène, qui ne la quitteront plus. Et la découverte toute jeune de son attirance charnelle pour les femmes, alors qu’elle apprécie particulièrement la compagnie des hommes.
Je demande à Madame Jun quand est-ce qu’elle a découvert le SM. Elle me confie qu’à dix-sept ans, alors qu’elle visite la maison des parents d’un ami, elle découvre stupéfaite une salle équipée d’instruments : fouets, cravaches, croix de Saint-André… Ainsi qu’une superbe collection de photos prises à l’occasion de « séances BDSM », accrochées au mur, où l’on voit une jolie femme nue, dominée, pénétrée par des objets. L’émoi de l’adolescente est vif. Les scènes de cette femme soumise la travaillent. L’obsèdent. Elle se sent extrêmement attirée par cet univers. S’en suivent une recherche, la participation à des soirées BDSM – dont elle apprécie l’ambiance, les codes et l’esthétique -, son apprentissage de « Maitresse ».
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le personnage et la personne, qui j’en suis sûr, ne manqueront pas de continuer à me surprendre.
Et j’aimerais terminer ce portrait en disant à Madame Jun combien je suis impressionné par son parcours, son énergie, son travail, sa volonté de perfection. Lui dire au nom de ses nombreux « habitués », au nom des nombreux « fans » dont je suis : « Merci ».
Merci pour votre générosité Madame Jun, pour votre présence rare qui transforme instantanément l’ambiance d’une salle de spectacle en un lieu torride et amical.
Merci enfin de montrer, par vos spectacles incomparables, que « l’Art et le Hard » ne sont nullement incompatibles !

2 réponses sur « Madame Jun »
Article touchant, qui rappelle l’importance de ne pas perdre de vue la dimension humaine et appelle à accueillir avec grandeur d’esprit chaque personne et les expressions qu’elle veut partager, notamment lorsqu’il s’agit d’une forme artistique (donc à priori non violente et sur laquelle le spectateur qui choisit d’assister devrait se garder de jeter l’opprobre)
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29/03/2023
Un superbe après-midi, durant lequel notre « Belle Jun de compétition » s’est beaucoup donnée, étendant même un moment la surface de la salle de Spectacle au Salon Enfer – le deuxième cercle : la luxure et son divan – l’un d’entre nous étant copieusement body-gâté, tandis que les autres corrigeaient les généreuses fesses de la diablesse.
Puis les duos torrides dont Madame Jun a le secret, « La Plage » avec la longiligne et langoureuse Minerve, allongée massée au soleil par des mains expertes, offerte aux coups de langues et clapotis du ressac… Plus tard un autre duo avec la charmante petite Nadja, haletante sous les coups de boutoirs de sa domina déchainée…
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