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théâtre Chochotte

Coup de chaud au Chochotte

Visitant ce jeudi en fin d’après-midi le théâtre Chochotte, j’ai pu assister avec plaisir aux derniers passages de l’équipe de l’après-midi, puis de celle du soir. 

La charmante et très tatouée Sky aime, me semble-t-il, les accessoires appartenant au registre BDSM. Notamment d’épaisses bougies, dont elle répand les gouttes de cire noire sur son corps, jusqu’aux parties les plus intimes. Sa peau progressivement tachetée de noir évoque la robe féline, l’effet est saisissant.    

Une jolie brune, Jackie. D’abord inquiétante quand, tout en dévisageant le public, elle déambule sur scène armée d’un club de golf dont elle fait jouer le fer sur la barre de pole dance. Les sonorités métalliques inhabituelles, vaguement industrielles, produisent la tension. Jackie prend le temps de choisir une victime, un jeune homme du public à l’allure timide, et en fait sa chose… Pour le plus grand plaisir de ce dernier, et des spectateurs ! 

La « méchante » Belladona arbore sous le foulard qui couvre sa tête, un regard sévère. Elle danse fouet en main sur I am a bad girl. Belladona semble être une experte du maniement des lanières de cuir, celles plates et épaisses, ou bien longues et serpentines. Elle les fait virevolter en de belles chorégraphies, originales et très maitrisées. Et elle ne peut s’empêcher de punir, on soupçonne une tendance naturelle, j’ai pu expérimenter la brulure mordante du cuir sur ma peau, cette domina ne rigole vraiment pas !  

Vint ensuite le spectacle irréel d’un ange que je découvrais pour la première fois. Une apparition sublime portant de grandes ailes blanches descendait l’escalier de pierre des Enfers de la rue Saint-André-des-Arts… Sancta Subito ! J’étais subjugué par sa façon de se déplacer, sa danse harmonieuse et aérienne, la grâce et la beauté. Elle se débarrassait de l’encombrante chrysalide de ses ailes, de ses vêtements, se faisait soudain humaine et charnelle. Et pour nous en convaincre, elle prenait à chacun la main, la posait sur son cœur battant, pour que nous le sentions palpiter. Un moment magique ! Cette magnifique jeune femme brune à la coupe garçonne, représente ce que je cherche en ces lieux : la beauté alliée au talent (ici la danse). Bravo Sacha

La piquante Mimi Liu (prononcer piquante avec l’accent espagnol) est une petite jeune femme dynamique et toute mimi, aux proportions absolument parfaites et qui aime beaucoup la scène. Mimi Liu marie avec brio théâtre et danses entrainantes, très participatives. J’ai adoré son passage sur The Marias – All I want is you –; le rythme et musicalité de cette chanson lui correspondaient parfaitement. Et j’ai découvert avec plaisir que cette danseuse est la gentillesse incarnée. Séductrice, mais sincèrement généreuse, elle aime le contact et le public. Absolument charmante. 

Olga confirme son talent pour la scène et son art du teasing érotique. Et elle travaille ses numéros. Ce dernier mot, « le travail » est essentiel pour moi (le talent n’est rien sans travail et ce serait un grand péché de ne pas le cultiver, comme nous le remémore la très inspirée parabole des talents – Matthieu 25 :14-30). Olga multiplie les registres : leçons de séduction, music-hall, théâtre et se met parfois de façon très touchante en danger. Car Russe, Olga ne maitrise pas encore vraiment notre langue (bien qu’elle fasse d’étonnants progrès chaque semaine). Ce soir, munie d’une longue cape rappelant celle de la servante écarlate, Olga nous a déclamé la fable du petit Chaperon Rouge réécrite et subvertie à sa façon : le vulnérable petit chaperon rouge se révèle en fait être une redoutable prédatrice… Joignant l’acte à la parole, Olga-chaperonne dévore un heureux élu comme jamais. Final de ce numéro vraiment torride !!! 

Angel qui m’avait impressionnée la semaine dernière par la qualité de sa danse a doublé la mise ! Formidable à nouveau dans son numéro de Cat Woman, en tenue de latex noir avec oreilles de chat dressées. Le moulé du latex épousait parfaitement son corps tonique et féminin, sa cambrure de rêve. Ses déambulations félines étaient souples et terriblement sensuelles. Et vint le clou du numéro quand Angel dénudée, assise dans une grande bassine, demanda qu’on lui verse une bouteille de lait sur le corps. L’effet était extrêmement érotique, les multiples affluents laiteux perlaient sur ses jolis tétons bruns, contournaient ses seins, se répandaient sur son ventre, son magnifique sexe charnu… Angel est l’une de mes danseuses préférées, pour sa grande maitrise, sa volonté perfectionniste manifeste, visant l’excellence.   

Dorothée… Que dire de plus ? Un corps à pervertir un cénobite ayant fait vœux de chasteté, l’ardent désir de séduire et de plaire, un goût du jeu et de la participation du public, un savoir faire érotique indéniable. Mais ce soir, j’ai découvert avec surprise et ravissement une autre facette de cette magnifique danseuse. Un numéro lusitanien, durant lequel Dorothée, en robe noire traditionnelle, se fait chanteuse de Fado. La performance à cappella était envoutante, ma surprise totale. Mon étonnement se mariait à l’admiration déjà acquise. Un grand coup de cœur pour cette nouvelle facette de l’artiste. Bravo !  

J’ai parlé des deux stars en puissance du théâtre que sont la jolie russe Olga et la superbe Dorothée, mais je ne pourrais terminer mon article sur cette magnifique soirée sans parler de leur duo « Madame et Louisette (la bonne) ». Un numéro historique qu’Olga a su pervertir comme jamais (je crois avoir assisté, avec mes deux complices de la soirée, à la version la plus déjantée vue en 15 ans). Olga en « Madame » ivre, vêtue d’une longue et superbe robe bleu roi, descendant les escaliers ivre, une bouteille d’alcool à la main avec un flacon supplémentaire de liqueur, coincé entre ses seins. Sa jolie domestique en tenue de soubrette volant à son secours. Olga délurée, Louisette très complice. La suite était aussi tordante qu’érotique. Quand Olga et Dorothée se lâchent ensemble, c’est l’assurance d’un grand moment !   

Il y aurait encore beaucoup à dire à propos de cette soirée enchanteresse, pour rendre hommage aux danseuses, et à la très sympathique LILA, qui gère avec maestria la régie, notamment les éclairages sublimant les corps de ces magnifiques danseuses !

Bravo et merci encore à toutes ! 

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