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Fictions érotiques

De la diversité

Les restitutions des travaux de recherche, comités de pilotage et débats, étaient parfois houleux. Mais chacun pouvait « sans filtre » dire ce qu’il pensait. Exit les « Safe Space », les postures indignées drapées de vertus outragées, les censures incultes et souvent calculatrices : au sein de notre communauté masculiniste et fraternelle la parole était franche, libre, provocatrice, et bien souvent potache – déclenchant l’hilarité générale.

Quand il fut question de choisir les modèles de la prochaine série de Dance-Bot et que Rémi prit la parole pour réclamer plus de « diversité », quelques membres écarquillèrent les yeux. On entendit alors des répliques venues d’un autre âge : « j’veux rien voir pendre entre les pattes », « des chattes velues, oui mais pas trop… », « des blacks », « des asiates », « des blondes à gros seins, pourquoi pas » …

La majorité de ceux qui étaient ados ou jeunes adultes dans les années 80 ne voulaient pas de « profils caucasiens » – d’occidentales. Certains éprouvaient même de l’aversion pour des êtres qu’ils ne considéraient plus comme des femmes. Ils assumaient leur tendance à l’exotisation, notamment asiatique, l’attrait pour les régions du monde dans lesquelles, disaient-ils, les femmes étaient restées des femmes et non devenues des « co » – co-locataire, co-gérante, co-contractante, co-plaignante –, c’est-à-dire des partenaires souvent problématiques. Les plus « réacs » justifiaient leur appétit pour l’exotisme en invoquant la « diversité génétique », le brassage naturel qui avait permis à nos glorieux ancêtres d’assurer la survie de leur groupe. L’effondrement n’avait-il pas eu lieu d’abord en Occident parce que le désir d’Altérité s’était éteint ? Qui avait envie de baiser avec des « mêmes » ?

Parmi les anciennes danseuses citées en référence, certains plébiscitèrent Moon et Ishigo, une magnifique chinoise et une superbe japonaise ayant officiées au Chochotte vers 2017. Mais celle qui récolta le plus de suffrages fut Angie, une jeune femme d’origine vietnamienne aux jolis yeux en amande encadrés de mèches blondes, disposant de« seins de ouf » et de fesses de rêve. Elle s’était illustrée dans les débuts du Sweet Paradise, vers 2021, notamment lors d’un duo lesbien torride avec sa partenaire Madame Jun, puis dans un Gang Bang de godes faisant passer un film X pour une bluette …

Comme souvent en fin de débat, notre Vénérable Guide prit la parole. Sans surprise, il se déclara en faveur d’un érotisme exotique et vintage, conforme aux codes de la séduction des années 2010-2020. Il ajouta que concernant la diversité on était déjà bien servi ici, notamment en matière intellectuelle … C’était une pique lancée à la cantonade, une demi-vérité, malgré l’élitisme de nos procédures de sélection. Au fil du temps, notre Vénérable Guide était devenu « Sapiosexuel ». Pourvu qu’une forme féminine dotée de courbes minimales le satisfasse, il recherchait avant tout en elle du fond. Aussi me demanda-t-il discrètement (et en forme de jeu de mot) que la nouvelle Dance-Bot inspirée d’Angie soit « débridée », c’est-à-dire ne se cantonne pas aux limitations humaines et puisse tirer pleinement profit des capacités de ses algorithmes et processeurs.

Je lui fis part du risque à libérer ainsi l’Intelligence Artificielle, au caractère non prédictif des réseaux de neurones, leurs effets de bord possibles. Mais notre Vénérable sourit et chuchota :  » c’est justement cet imprévu qui me plait … « .

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