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Fictions érotiques

Premier Duo

Deux semaines après le baptême d’Ève nous eûmes la joie d’accueillir Soraya. Si l’on avait interrogé ceux qui avaient connus les théâtres érotiques des années 2000, ils auraient probablement dit qu’elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Sydney, l’une des plus jolies danseuses qu’ait comptée la cave enchantée de la Rue Saint-André des Arts. La peau ambrée et les opulents cheveux noirs de Soraya évoquaient les Indes orientales, sa chute de rein les côtes de l’Afrique, le pli au coin des yeux les routes de la soie…

Une perle de l’Océan Indien !


Quand Soraya fut introduite pour la première fois dans le caveau, certains de nos Frères eurent du mal à garder leur contenance. Patrick, ancien concessionnaire automobile pourtant rompu au négoce de carrosseries et accessoirement de jeunes danseuses, perdit tous ses moyens. Au point confessa-t-il plus tard de se répandre secrètement, alors que la croupe de Soraya se posait délicatement sur le pantalon de son élégant costume crème.

Nombreux eurent le souffle coupé quand Ève entrepris de dénuder Soraya, dévoilant au passage les lèvres charnues de son coquillage tropical, gorgées de sève …


Ce fut un rêve halluciné : douceur des caresses, doigts fins et délicats s’aventurant, lissant, forçant, baisers tendres puis brulants, dents blanches agaçant les saillies rosées, langues fouissant les muqueuses, souffles accélérés, râles rauques, mots de possédées, violence déchainée des spasmes …

La blondeur virginale et l’ambre musqué restèrent un moment mêlés dans le silence sépulcral. Temps suspendu. Puis un tonnerre d’applaudissements, la reprise des esprits, les présentations d’usage : « – vous étiez avec la sublime Ève ! », « – Et la redoutable Soraya ! ».

La complicité espiègle de nos deux premières Dance-Bots était étonnante. Il était de plus impossible de discerner dans leurs comportements les calculs des réseaux neuronaux. Du beau travail …     

En d’autres temps, on aurait pu assister à la course pathétique de spectateurs se levant d’un même mouvement, comme hypnotisés, pour se tirer la bourre dans les escaliers à la suite de leurs danseuses favorites. Spermatozoïdes égarés tentant de trouver la lumière dans les affres de l’utérus …

Mais à ce jour les « salons » n’étaient pas ouverts. Le quota de Dance-Bot insuffisant. Il fallait encore attendre un peu – le chiffre cinq – une question de semaines …      

2 réponses sur « Premier Duo »

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