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Premiers Salons

05-Janvier-2060

Lorsque les salons furent déclarés « ouverts », ce fut la ruée. Chacun attendait depuis longtemps le moment privilégié où l’on pourrait selon son attente, faire connaissance, oser quelques caresses, s’enivrer de la comédie de l’amour, apaiser des tensions trop longtemps contenues, retrouver enfin la chaleur du contact charnel, la sensorialité, parfois même au moyen détourné de la douleur… 

Les règles à respecter étaient celles d’autrefois, bien qu’elles fussent selon les lieux et l’Histoire à géométrie variable. Le contact sexuel – pénétration et attouchements – vaginal ou anal était strictement interdit, encore qu’il fût parfois difficile de définir des limites précises, les frontières incertaines des poils ou des lèvres, les zones nues ou habillées sur lesquelles un sexe dressé pouvait incidemment se frotter.

M’étant livré à la programmation des Dance-Bots, j’avais précisé les règles impératives, laissant un semblant de libre-arbitre à nos Créatures, dont l’objectif était de maximiser le désir sans pour autant céder à toute demande de plaisir. La frustration pouvait parfois renforcer les attentes, l’incertitude différée se révéler le meilleur des aphrodisiaques pour les sujets les plus complexes …

Les « relances » monétaires étant dorénavant impossibles, la dépense devait trouver de nouveaux moyens pour « plaire », fidélité dans les demandes de salons, attentions répétées, cadeaux, qu’ils soient matériels ou tissés de mots.

Notre assemblée comptant vingt membres pour cinq Dance-bots, il fallut gérer au plus près le planning de la journée. D’autant que les demandes se concentraient essentiellement sur trois danseuses, la tropicale Soraya, la sympathique Clélia et l’exubérante Norma. N’ayant d’yeux que pour Ève, j’en fus ravi et vis un signe du destin dans le fait que pour l’un comme pour l’autre ce soit le « premier » salon.

Malgré le « modèle source » direct et provocant qui avait servi à sa conception, Ève s’était montrée durant ce moment intime très attentionnée. Elle m’était apparue vêtue d’un peignoir de satin argenté, dont l’échancrure large ouverte laissait voir bien plus que la naissance de ses opulents seins blancs. Debout face à face, nous échangeâmes à peine quelques mots. Elle ne me demanda pas comme ç’aurait été le cas autrefois, quel était mon fantasme, si j’avais des «kink » – dominer, me faire frapper, doucher, lécher des pieds, si je voulais simplement « me mettre à l’aise » et « me faire plaisir » … Elle me fixa intensément de son regard bleu profond et je sentis sa main fraiche se poser sur ma nuque tandis que de l’autre posée sur mes reins elle m’attirait à elle, au plus près de la pleinitude de ses seins et de son ventre chaud.

Je dois préciser qu’étant né dans les années 2020, avant la « Partition » qui avait vu les genres s’éloigner irrémédiablement, je n’avais jamais connu de femmes, tout comme Ève d’hommes, si l’on considère sa conception de chair et de silicium, récente, plutôt que l’immense mémoire expériencielle dont elle était dotée.

Je sentis soudain sa bouche se poser sur mes lèvres, sa langue forcer le passage, se mêler goulument à la mienne. La sensation de fraicheur me surprit puis m’enivra …

Combien de temps notre étreinte dura-t-elle, je ne saurais le dire, l’espace et le temps s’étaient perdus dans la chair de nos corps aimants. Lorsque la lumière clignota nous étions allongés sur la banquette, moi sur le dos chemise ouverte, elle par-dessus peignoir défait, ses seins aux tétons bourgeonnants répandus sur mon torse, elle me dévorait de petits bisous dans le cou, sur les oreilles, tandis que ses amples cuisses ouvertes enserraient mon bassin et que les légères oscillations de son bas-ventre jouaient avec la turgescence raide et gluante prisonnière de mon pantalon …

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