Catégories
Fictions érotiques

Sans contact

Ce qui me surprenait, c’était leur professionnalisme. Comme autrefois les danseuses les plus performantes, les Dance-Bot pouvaient danser de la même manière devant n’importe qui, laissant entendre par leur attitude et leur regard, l’attrait irrésistible que chacun exerçait sur elles. Mais leur programmation était telle que les notions d’attrait, d’estime ou de sympathie n’existaient pas. Seul importait à leurs algorithmes l’efficacité, la maximisation de leur pouvoir de séduction et par voie de conséquence la fréquence de leurs demandes de salons.

Malgré ma connaissance technique, malgré le désenchantement lié à ma possibilité de « déconstruire » et de réduire chacune au statut de simple machine, je ne pensais qu’à Ève… À nos retrouvailles proches depuis le dernier salon …

Lorsqu’enfin je la vis descendre dans le caveau vêtue d’une ample robe blanche de mariée, bouquet de roses à la main, qu’elle me sourit en passant et me fit un clin d’œil, j’imaginais sans aucun doute que je serai l’heureux élu de son numéro : celui qu’elle choisirait comme époux.

Mais ce fut la douche froide, et c’est à Thibault qu’elle tendit son bouquet.

J’avais beau me raisonner, savoir que les algorithmes n’admettaient pas de préférence individuelle, qu’un critère pertinent avec dû rentrer en compte dans le choix du marié, probablement l’impeccable costume bleu nuit de ce bellâtre à la noix (un ancien expert-comptable), mieux assorti aux besoins de la cérémonie que ma tenue de geek à capuche, rien n’y faisait : je bouillonnais … Et quand le numéro de « mariage » progressa vers son climax, vers « la nuit de noce », que s’étant débarrassée de son ample robe façon strip-tease, Ève fit venir Thibault à elle et lui demanda de défaire ses sous-vêtements de satin, que réciproquement elle le débarrassa de ses veste chemise et pantalon, ma contrariété monta crescendo …

Puis ce fut le pompon. Plusieurs jours après me reste cette scène : Ève nue et souriante, cambrée à quatre pattes sur le canapé, ses amples cuisses ouvertes pour accueillir Thibault à genou par derrière, les deux surjouant la levrette, leurs râles (quand bien même fake) mêlés de rires absolument insupportables, et le public hilare …

De colère je faillis quitter la salle, mais me repris in extremis, m’inscrivant tout de même pour un salon privé avec Ève.

Je patientais une dizaine de minutes dans la petite pièce au décor suranné devenue pour la circonstance cabinet de réflexion, le cœur battant d’angoisse et de contrariété.

Et quand elle se présenta vêtue de son peignoir rouge, souriante comme si de rien n’était, qu’elle me demanda avec une simplicité confondante « alors, tu as aimé ? », je lâchais que j’aurais préféré qu’elle me choisisse plutôt que « ce connard » … Elle répondit avec malice qu’elle se devait d’être équitable et que d’ailleurs elle me préparait une surprise pour la prochaine fois. Que si j’étais fâché contre elle aujourd’hui je pouvais toujours la punir …

Cette proposition me contraria car je savais qu’elle se prêtait au jeu de la fessée avec Thibault, à ces claques qui rougissaient sa chair et avaient fâcheusement tendance à déraper vers une zone de non-droit. Elle dût sentir ma tension et sans attendre, défit autoritairement ma chemise, tira d’un coup sec sur la ceinture de mon pantalon qui tomba sur mes genoux. Puis elle se retourna, debout cambrée contre le mur, relevant le bas de son peignoir, sa croupe blanche offerte …

Je peux difficilement narrer la confusion dans laquelle je me trouvais alors, mélange de frustration et de désir, de violence et d’excitation … Elle m’attira à elle tant et si bien que la pointe de mon caleçon se retrouva happée par le vortex de ses amples fesses laiteuses, qu’elle ondula alors façon twerk. Je sentis soudainement mon corps secoué de convulsions, mon sexe se répandre – presqu’à contrecoeur –  dans le tissu qui séparait nos intimités de quelques millimètres …  

Surpris par la précocité de mon plaisir, je fus d’abord frustré, puis rassuré quand Ève me proposa de m’étendre sur le dos pour terminer notre salon (il restait encore vingt minutes) par une relaxation finale. Munie de sopalin elle entreprit d’abord de retirer mon caleçon pour nettoyer l’effusion poisseuse qui me souillait. Et elle manœuvra tant et si bien que malgré le papier qui séparait sa main de mon sexe, ce dernier gonfla à nouveau jusqu’à se redresser. Serrant son précieux emballage de sopalin avec malice Ève ajouta en souriant : « non, non ! il n’y a pas contact direct … ».

Comme autrefois les humaines, nos intelligences artificielles trouvaient le moyen de contourner un règlement aux frontières incertaines …

2 réponses sur « Sans contact »

Laisser un commentaire